Témoignage de cette semaine de carême

 5e Semaine de carême – Témoignage Claude et Colette (St Vincent de Paul)

St Vincent de Paul est un réseau de charité qui initient des actions locales ciblées (maraudes, aide scolaire, colis alimentaires, aide administrative et matérielle etc). Claude et Colette font parties de l'équipe St Vincent de Paul de Pessac.

"A St Vincent de Paul de Pessac, c'est à la distribution alimentaire du lundi, dans les locaux paroissiaux de St Jacques, que nous avons rencontré 6 étudiants d'Afrique du Nord. Ils ont le courage de se présenter à l'accueil, nous exposant leur situation précaire ; nous leur avons demandé quelques papiers, afin de leur ouvrir un dossier et l'accès régulier au colis alimentaire. Mais ces étudiants, en dehors des heures de cours, travaillent pour survivre : il leur est difficile de venir chercher un colis dans les heures d'ouverture des différentes associations. 
L'une de nous avait pris l'initiative de porter à l'un d'entre eux, vers 18h, les colis alimentaires préparés ; celui-ci les distribuait à 2 autres. 

J'ai (Claude) pris le relais; mais je pars plus tard pour finaliser la distribution et assister à la réunion au Foyer St Vincent. J'arrive alors au campus universitaire après 20h (comme eux) et je vais d'un village universitaire à l'autre, porter à chacun un colis alimentaire, au pied de son immeuble ; après appel téléphonique de ma part, ils descendent pour prendre la nourriture et me confient leurs problèmes et leurs désirs.

Une relation amicale s'est nouée entre nous : nous partageons des repas, et allons avec eux à des conférences à Pessac. Nous avons essayé de leur procurer ce dont ils ont besoin pour leurs études et leur confort (matelas, ordinateur, vélo). Peu à peu la situation de 3 d'entre eux s'est améliorée (fin d'études, mariage).

Actuellement 2 étudiants viennent chez moi, le soir après 20h (j'habite près du Campus universitaire). Ils récupèrent leurs colis, que j'améliore avec de petits plats. Ils restent un moment chez moi pour échanger, et m'aider parfois à résoudre les problèmes informatiques que je rencontre pour les dossiers du Foyer.
Ils n'hésitent pas à nous joindre s'ils ont un problème et nous essayons de les aider de notre mieux, comme nous faisons avec nos petits-enfants."


 4e Semaine de carême – Journal La Croix - Entretien avec le chanteur Vianney : « La charité du Christ me parle »

Le succès de Vianney n’a pas émoussé sa foi, forgée par le scoutisme. Pour le chanteur, mettre en concordance ses actes et sa foi relève d’une sorte d’évidence.

Vous avez été scout et évoquez volontiers votre foi catholique. Comment cela est-il perçu dans votre milieu d’adoption ?

On me pose des questions. Mais je ne cherche pas à cacher ma foi. Etant fait de bois différents, j’assume chacun d’eux. C’est ce qui forge une personne entière. A cet égard le scoutisme m’a énormément apporté et je crois beaucoup à cette école de vie, il y a là quelque chose « d’anti-système » : on apprend à se détacher du matériel, à renouer avec la nature, et on prend soin du lien entre les hommes. En forêt, l’individualisme n’est pas permis. Et je crois qu’être « anti-système », c’est cela. Le punk honnête, aujourd’hui, devrait chercher à imiter cet état d’esprit !

Justement, pouvez-vous nous parler de l’opération Hiver solidaire, à laquelle vous participez au sein de votre paroisse parisienne ?

C’est un engagement qui compte beaucoup pour moi. Avec une équipe de bénévoles, nous nous relayons pour accueillir, dans la crypte de notre paroisse, des personnes de la rue. Nous dînons puis nous dormons à leur côté, avant de partager le petit déjeuner. C’est énorme. A mon âge, j’imagine assez mal manifester pour protéger ma petite retraite. En revanche, je suis bouleversé par des hommes de 50 ans qui ont passé 20 ans dans la rue. Quitte à faire bouger les choses, je préfère ce mode d’action. Donner quelques heures dans la semaine, de façon très concrète, ce n’est pas grand-chose, mais c’est ce qui me porte. Cet engagement m’est venu spontanément alors que j’étais étudiant. Une des chansons de mon album, intitulée Les gens sont méchants, rend hommage à un de ces destins à travers le visage d’une femme victime d’une grande précarité.

Quel visage du Christ vous parle le plus ?

Le visage miséricordieux, charitable ? Et puis celui de la tolérance. Quel dommage que ce mot soit si galvaudé aujourd’hui ! Il me paraît tellement essentiel.

Le Pape François doit vous inspirer !

Il me plaît beaucoup, car il n’oublie pas les plus humbles. Au nom de leurs opinions politiques, certains croyants sont peut-être tentés de s’opposer à ses idées, qui pourtant sont profondément sociales et chrétiennes. Je pense à la dramatique question des réfugiés. Certains adoptent une posture de rejet. Or François martèle que tendre la main n’est pas une option, mais une nécessité pour un chrétien. Si l’on croit vraiment au message de la Bible et de l’Evangile, on en peut se dérober ? Et j’aime que le pape nous le rappelle. J’ai tout de suite adhéré à son message. Sans réserve, il est excellent, surtout en communication. Là encore, pourquoi la capacité à communiquer devrait-elle être un gros dans l’Eglise catholique ? On se méfie des communicants mais moi je le trouve formidable. François a cette capacité de faire passer des messages importants avec des moyens modernes.

Comment concicilier sa vie familiale, spirituelle et personnelle lorsqu’on vit une telle notoriété si vite et si jeune ?

Il n’est pas un moment où j’abandonne un des versants que vous citez. Quel que soit l’endroit où je me trouve, je ne renonce jamais à rien de ce qui fait ma vie. Je suis toujours tout à la fois un croyant et un chanteur.

Cette spiritualité, comment se nourrit-elle au quotidien ?

La messe hebdomadaire est très importante pour moi. Et chaque jour, je prends des minutes de prière, de temps calme, tranquille, où je confie tous les gens que je croise au jour le jour, ceux que je rencontre lors de mes concerts, ceux qui m’ont écouté ou adressé une lettre. C’est comme ça que j’avance spirituellement.